Henri D’AGRAIN, élu Président de la Fondation Femmes@Numérique
LA FONDATION FEMMES@NUMÉRIQUE ET SON COMITÉ EXÉCUTIF A ÉLU LORS DU RENOUVELLEMENT DES INSTANCES,
HENRI D’AGRAIN, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DU CIGREF, EN TANT QUE PRÉSIDENT. UNE NOMINATION QUI SUIT CELLE DE CORINNE DAJON ÉLUE PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION EN DÉBUT D’ANNÉE.
La pénurie croissante de compétences numériques, la difficulté à les recruter et à les fidéliser, la tension extrême sur certaines compétences clés, et la mondialisation de la guerre des talents, constituent un champ de préoccupation majeur pour l’ensemble de la filière du numérique. Récemment, un dirigeant d’une ESN m’a expliqué avoir renoncé à relocaliser en France certaines de ses activités implantées en Inde, en raison des tensions en Europe sur les emplois qualifiés dans la filière numérique, alors même que ces activités ne bénéficient plus aujourd’hui d’avantage compétitif significatif et pâtissent de cet éloignement géographique.
Dans ce contexte, le manque de mixité dans les métiers techniques du numérique et la désaffection des femmes pour ces métiers dits « numérisants » est un problème « au carré ». Mesdames, vous ne représentez que 15 % à peine des effectifs des compétences techniques, tant dans l’industrie du numérique que dans les directions des systèmes d’information. Et la situation devrait se détériorer dans les années à venir. En effet, dans l’enseignement supérieur, les femmes représentent tout juste 10% des étudiants des filières de formation aux métiers techniques du numérique. Ce fait démographique est, hélas, têtu. Toutes choses égales par ailleurs, si nous n’agissons pas, ces chiffres se retrouveront donc inéluctablement dans l’économie à l’horizon d’une quinzaine d’années.
Mais pour le dire autrement avec une touche plus positive, si nous parvenons collectivement à développer l’attractivité des métiers du numérique auprès des jeunes filles, nous pourrons apporter une réponse significative au double problème, sociétal et économique, de la trop faible mixité dans notre secteur d’activité, et de la pénurie de compétences qu’il subit. Les enjeux de la féminisation des métiers du numérique sont donc particulièrement stratégiques. Avec plusieurs associations professionnelles, notamment l’AFMD, Talents du Numérique, Numeum, Social Builder, la Conférence des grandes écoles, et avec le soutien de l’État, le Cigref a établi ce diagnostic dès 2017. Cette exigence et cette urgence à agir en faveur de la féminisation de nos métiers, et d’inscrire dans le temps long des actions appropriées, se sont concrétisées, dès 2018, par la création de la fondation Femmes@Numérique, sous l’égide de la Fondation de France. Ainsi, 42 entreprises se sont engagées au sein de cette fondation pour participer au financement de projets à impact à l’échelle nationale. En 2021, notre collectif a été amené à créer l’Association de soutien à la Fondation Femmes@Numérique afin d’opérationnaliser et d’amplifier le déploiement et le passage à l’échelle des projets, notamment en associant des fonds publics aux financements privés de la Fondation.
La démarche Femmes@Numérique, avec le soutien de l’État, a lancé un premier appel à projets en 2019, qui a permis de développer sept projets d’accompagnement des filles vers les métiers du numérique sur l’ensemble du parcours éducatif, depuis le primaire jusqu’au baccalauréat. Actuellement, la Fondation instruit les réponses à une deuxième série d’appels à projets portant sur l’articulation entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur. Parallèlement, l’Association s’attache à mobiliser les exécutifs régionaux et les écosystèmes numériques locaux pour engager le déploiement de ces projets dans tous les territoires afin d’amplifier l’impact de la démarche.
Le Cigref reste particulièrement impliqué dans cette dynamique. Cet engagement se concrétise notamment par le soutien moral, matériel et financier que nous apportons à la fondation et à l’association. Par ailleurs, le comité exécutif de la fondation Femmes@Numérique m’a fait l’honneur de m’élire, le 4 avril dernier, comme Président afin de conduire, au cours des deux prochaines années, le renouvellement des engagements des entreprises fondatrices et l’élargissement du nombre de donateurs.
Je lance donc un appel à la mobilisation générale, à toutes les entreprises privées et publiques, à toutes les administrations et tous les organismes publics, à toutes les associations et organisations professionnelles, qui souhaitent se mobiliser en faveur de cet enjeu majeur pour notre pays, tant économique que sociétal, que constitue la féminisation des métiers du numérique. Nous sommes en mesure de proposer à chacun, quel que soit son statut, une façon de s’engager dans la démarche Femmes@Numérique. Vous pouvez contribuer en rejoignant la Fondation ou en adhérant à l’Association. Je suis à votre entière disposition, avec Viviane Madinier, Secrétaire générale de la fondation, et Peggy Vicomte, Déléguée générale de l’association, pour compléter votre information, répondre à vos questions et recueillir l’intérêt de votre organisme pour la démarche Femmes@Numérique.
Nous ne pouvons nous satisfaire du manque d’intérêt de 50 % de la population pour ces métiers d’avenir. Nous ne pouvons nous satisfaire de ce déterminisme sociétal qui éloigne les filles d’un secteur d’activité si nécessaire à la croissance de l’économie et à la prospérité de notre continent. Nous ne pouvons nous satisfaire que les femmes soient si faiblement engagées dans ces métiers indispensables, tant pour répondre aux principaux défis, notamment environnementaux et climatiques, auxquels l’humanité est confrontée, que pour construire et organiser nos futurs numériques. Nous n’avons ni droit moral ni intérêt à laisser cette situation se dégrader encore et encore, au-delà du raisonnable. Le numérique ne sera durable, responsable et de confiance que lorsque les femmes seront pleinement associées à le construire. «
Henri d’Agrain, Président de la fondation Femmes@Numérique et Délégué Général du Cigref.