Dossiers et documentation / 21 novembre 2024

Les premières Assises Nationales de la féminisation des métiers du numérique

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Dans la poursuite de ses actions fédératrices, Femmes@Numérique a organisé le 16 février 2023, à Bercy, la première édition des Assises nationales de la féminisation des métiers et filières numériques : « Face à l’urgence que faire ? ».

L’objectif de cet événement était de partager un panorama des actions les plus impactantes menées dans les secteurs public, privé et associatif, en matière de féminisation des métiers et filières du numérique, en vue d’identifier les actions à amplifier ou à initier qui permettront de changer d’échelle.

Corinne Dajon, Présidente de l’Association Femmes@Numérique, a précisé dans son discours d’ouverture : « Notre motivation à organiser cet évènement est principalement née de notre prise de conscience de l’urgence à se mobiliser sur ce sujet majeur qu’est la Féminisation des Métiers et filières du Numérique qui constitue un triple enjeu : économique, social et sociétal. Il était de notre responsabilité de le faire, à travers notamment l’une des 4 missions de Femmes@Numérique qui est « d’éclairer » et notre rôle de contributeur aux réflexions prospectives et aux affaires publiques afin d’assurer la continuité et la cohérence des actions à toutes les étapes de la vie scolaire et professionnelle des femmes. Face à l’urgence, nous avons des propositions concrètes de projets d’envergure nationale et nous comptons sur vous pour vous joindre à nous en consortium pour maximiser l’impact. »

Dans son discours d’ouverture, Henri d’Agrain, président de la Fondation Femmes@Numérique a quant a lui rappelé : « Nous savons désormais que sans la mobilisation ferme et ambitieuse de la puissance publique, toutes nos actions, et même les plus impactantes d’entre elles, resteront sans effet à l’échelle de notre pays et dans la durée. Nous savons que toute l’énergie et toute l’intelligence déployées par le mouvement associatif ne seront pas suffisantes, que nous ne parviendrons pas, sans le soutien puissant et structuré de l’Etat, à transformer en profondeur la représentation genrée des métiers du numérique, que nous ne parviendrons pas à déconstruire les déterminismes, inconscients et enkystés au plus profond de chacun de nous, déterminismes qui éloignent les filles de ces métiers, ces métiers indispensables, tant pour répondre aux principaux défis, notamment climatiques, auxquels l’humanité est confrontée, que pour construire et organiser les futurs numériques de notre société. »

 

METTRE EN PLACE DES POLITIQUES PUBLIQUES ADAPTÉES

Le ministre Jean-Noël Barrot, Ministre délégué auprès du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargé de la Transition numérique et des Télécommunications a ouvert l’événement en revenant sur les enjeux portés par le gouvernement dans le plan d’investissement France 2030Il a souligné le travail de main qui doit être fait entre les institutions publiques, les établissements scolaires et les entreprises pour « préparer la société tout entière à s’engager dans les métiers de demain en faisant le pari de la formation ».

Pour y parvenir, Catherine Ladousse, coprésidente de la commission parité au sein du Haut Conseil Européen (HCE), s’est appuyée sur les résultats du dernier rapport annuel sur l’état des lieux du sexisme en France pour rappeler l’importance d’agir sur les biais genrés dans le secteur numérique, aussi bien pour les métiers numérisés que les métiers numérisants.

Claude Roiron, haute fonctionnaire égalité filles-garçons au ministère de l’Education nationale, insiste sur le fait que 28% des ingénieurs en France sont des femmes et qu’il y a urgence à sensibiliser les enseignant·es et les parents, aux stéréotypes de genre et idées reçues quant aux métiers du numériques.

Jean-Claude Laroche, président du Cigref évoque, quant à lui, la Loi d’orientation et la nécessité d’avoir un cadre fédérateur permettant à l’ensemble des acteurs d’articuler leurs actions autour des mêmes objectifs.

DANS LA SÉQUENCE « LES VOIX DE L’URGENCE »…

« Au-delà d’attirer des profils féminins, plus divers et plus ingénieux, un des véritables enjeux qui attend notre société est celui de créer des ponts entre le monde de l’ingénierie, de la recherche et le monde de l’entreprise. » Maya Noël, directrice générale de France digitale

« La souveraineté numérique ne doit pas avoir de sexe, de couleur politique, de secteur public ou privé, elle doit être faite de compétences. » Philippe Dewost, directeur d’EPITA

« Il n’y a pas un « profil féminin type » que l’on cherche à recruter dans le numérique, puisque ce que l’on cherche se sont effectivement des compétences. En revanche, nous avons grand besoin de démasculiniser les compétences. » Jean-Christophe Morisseau, personnalité qualifiée au sein du conseil d’administration de Numeum, CEO Red Hat France

EGALITÉ RÉELLE, LE CHEMIN EST ENCORE LONG

Isabelle Collet, présidente de la section des sciences de l’éducation à l’Université de Genève, revient sur la mise en place de quotas de femmes dans les entreprises qui, s’il s’agit bien d’une mesure de rattrapage peu couteuse, met mal à l’aise et devient problématique lorsque le quota n’est pas assumé dans l’entreprise.

Delphine Peresan-Roudil, historienne de l’art, ingénierie pédagogique et culturelle, compare le secteur du numérique à celui des arts plastiques et du patrimoine. A l’inverse du numérique, si 80% des étudiants en art sont des femmes et que les biais sexistes ne sont pas à l’entrée de la formation, elle précise que « les biais attendent les femmes à la sortie ». Selon elle, le plafond de verre persiste car, bien que minoritaires, les hommes sont plus nombreux à occuper les postes de directions et sont davantage distingués ou reconnus.

Rachel Wadoux, référente égalité-diversité à la Direction interministérielle du numérique, poursuit en ce sens en précisant que le plafond de verre est également présent dans la fonction publique et que, par ailleurs, une enquête exploratoire dans les fonctions numériques a été menée pour tenter d’expliquer la sous-représentation des femmes. Les résultats ont démontré que des efforts restaient à fournir pour réduire le sexisme et les environnements de travail hostiles dans les filières peu mixtes.

Delphine Pouponneau, directrice de la diversité et de l’inclusion Groupe d’Orange, explique que pour pallier l’absence de femmes dans les viviers de recrutement, un CFA et un programme Hello Women ont été créés par le Groupe avec pour objectif d’obtenir 30% de femmes dans les promotions. Elle rapporte néanmoins que cela n’est pas suffisant car il reste encore beaucoup à faire en matière de formation des managers, de reconnaissance et de valorisation des parcours de femmes, ou encore d’égalité salariale.

Enfin, pour conclure, Emmanuelle Larroque, fondatrice de Social Builder, rappelle la nécessité de concevoir les emplois de demain en termes de compétences et non pas en termes de métiers. Les métiers évoluant constamment et de manière rapide, il est important d’avoir ce prisme « compétences » dès maintenant puisque 50% de la population mondiale devra être « reformée » dans les 5 ans à venir.

 

En séance conclusive, deux grands projets ont été présentés :

« Nous souhaitions que ces Assises soient le lieu de concertation entre les pouvoirs publiques, les parlementaires et les représentants de la société civile, entreprises et associations, pour construire les compétences technologiques et numériques de la jeunesse, et particulièrement des jeunes filles. Nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous l’année prochaine pour la deuxième édition !» : Henri d’Agrain, président de la Fondation Femmes@Numérique

« Nous sommes toutes et tous concernés et nous avons besoin de l’engagement de chacun d’entre vous pour accélérer l’accès des femmes au Numérique et relever les défis de demain. (acteurs privés, publics, éducation, formation, associations, parents, famille, enseignantes et enseignants, …) » : Corinne Dajon, Présidente de l’Association Femmes@Numérique  »

 

Isabelle Rome, Ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, dans son allocution de cloture a précise : « Ces freins qui poussent certaines filles à refuser d’embrasser des carrières scientifiques, il faut les nommer, les pointer du doigt et, surtout, les éradiquer – c’est-à-dire les extraire à la racine – dès le plus jeune âge. »

 

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